t u r n   o v e r

 

 

 
         

 

 

 

   
Chose publique 

 
         
Jean-Pierre Voyer falsifie Adreba Solneman
Contre-argumentation de juillet 2003 restée sans réponse en mars 2007 à la version des faits de Voyer 
 
 
 
 
         
         
         
           

 

 

Ce n’est pas d’une accusation des téléologues que Jean-Pierre Voyer a dû se défendre, mais de deux. Il y a, d’une part, la falsification de la correspondance AS (Adreba Solneman)-JPV (Jean-Pierre Voyer) aux Editions Anonymes. Il y a, d’autre part, la mise en scène et les manipulations de la première lettre d’AS parue dans le journal l’Imbécile de Paris. Ce qui est principal pour les téléologues, ce qu’ils appellent falsification, est secondaire pour JPV. Ce qui est secondaire pour les téléologues, ce qu’ils appellent manipulations, est principal pour JPV.

La défense actuelle de JPV est concentrée sur l’enchaînement des faits de la correspondance, alors que les téléologues partent de la façon dont le fond est traité dans l’édition livre. Pour JPV, le désaveu par AS de la publication du début de leur correspondance dont JPV avait pris la responsabilité est le vrai déclencheur de tout ce qui suit. Les principaux efforts de JPV, depuis qu’il se justifie, vont donc porter sur ce point, capital pour lui.

Mon illustration de ce que dit et fait JPV ne porte que sur son plaidoyer intitulé ‘Preuves d’une calomnie’, et non sur ce qu’il aurait pu penser, ou pas, à l’époque des faits.

Je ne sais pas si JPV a lui-même commis les manipulations autour de la première lettre d’AS, telle qu’elle est parue dans le journal l’Imbécile de Paris. Mais il est hors de doute qu’il en était responsable. Dans une communauté intellectuelle, rien ne peut justifier de telles manipulations. Dans sa lettre du 13 octobre 1991, AS les dénonce explicitement, et son souhait de ne plus paraître dans ce journal procède principalement de ces manipulations. Ce devait être une très mauvaise nouvelle pour JPV. S’il en était lui-même l’auteur, JPV pouvait même se retrouver en difficulté dans le journal, qu’AS accusait à la place de JPV. Mais il y avait une bonne nouvelle. A cause de ces manipulations, AS ne souhaite pas que le journal continue de reproduire ses lettres. A ce stade, AS fait confiance à JPV. Il le disculpe des manipulations, dont il tient pour responsable le journal. Mais la confiance d’AS ne va pas jusqu’à demander à JPV de garantir l’intégrité de la suite. En effet, JPV n’a pas su garantir l’intégrité de la première lettre ; rien ne permet de supposer à AS qu’il va pouvoir garantir l’intégrité de la suite.

Les manipulations de lettres dans un journal, pour publication, sont des choses assez fréquentes et presque toujours tolérées. Mais les choses sont différentes dès que l’auteur de la lettre manipulée désavoue ces manipulations. Dans ce cas, le média est tenu, en principe, de publier le désaveu. Ici, la situation est plus compliquée parce que le désaveu s’accompagne de l’expression formelle du souhait de ne plus paraître dans le journal. Si j’avais été la personne responsable de cette correspondance dans le journal, j’aurais signalé le désaveu du correspondant de JPV et son motif. J’aurais signalé par ailleurs son souhait de ne plus paraître. J’aurais intitulé ce bref commentaire « Au nom de l’Imbécile de Paris » et je l’aurais signé. Le journal l’Imbécile de Paris s’est tu. Le responsable de la publication de cette correspondance n’a inséré aucun commentaire.

Lorsque les Editions Anonymes reprennent ce qui est paru dans le journal, à l’identique, elles publient en effet une lettre d’AS manipulée et désavouée, sans le désaveu. Cette lettre est certainement à l’identique de ce qu’elle était dans le journal, mais pas à l’identique de ce qu’a écrit son auteur. Les Editions Anonymes, comme le montre justement JPV, n’ont publié que ce qu’il y avait dans le journal. Mais c’est ce qui est paru dans le journal qui était déjà faux. Quand JPV donne son accord à l’éditeur, il sait qu’il donne son accord pour publier une manipulation dénoncée par AS. Sans mentionner cette dénonciation ni le souhait de ne plus paraître subséquent, donc en les dissimulant volontairement au public. Si un éditeur cite faux, comme c’est le cas ici, la moindre des choses est qu’il explique pourquoi. Sans quoi il est complice du faux.

Comment JPV va-t-il tenter de se sortir de cette difficulté ? D’abord, il ne s’explique jamais sur ces manipulations autour de la première lettre d’AS. Il est en cela aidé par AS qui minimise ce point. Ensuite, il contre-attaque. Sa manœuvre consiste à déplacer le déclencheur à ses yeux de l’accusation de falsification contre les Editions Anonymes. Selon JPV, le souhait d’AS de ne plus paraître dans le journal déclenche la non-publication de sa lettre du 13 octobre 1991 dans le journal. La non-publication dans le journal est la cause alléguée de la non-publication de la lettre du 13 octobre dans le livre. La non-publication dans le livre entraîne l’accusation de falsification par les téléologues. Le souhait exprimé par AS est bien, selon JPV, le déclencheur de ces faits. Mais, dans cette version des faits, le véritable déclencheur est donc la cause du souhait d’AS. La cause de ce souhait est parfaitement explicite dans la lettre d’AS du 13 octobre. Cette cause est multiple : ce sont les manipulations qui entourent la publication de sa première lettre. Voici ce qu’en cite JPV :

« Etant donné que je tiens ce fade journal pour responsable de ces petites libertés (je comprends mieux en quoi consiste l'ambitieux programme de l'éditorialiste : prendre librement la parole), je préférerais n'y plus paraître. C'est pourquoi cette lettre est envoyée après le numéro 3, et en partie pourquoi elle est si longue. »

Si on lit seulement le texte de JPV, avec cette citation, on ne sait pas de quelles « petites libertés » il s’agit. Il peut s’agir d’un autre article du journal ou d’une indélicatesse hors de rapport avec le sujet. Les paragraphes précédents sont nécessaires pour comprendre que ces « petites libertés » sont en fait des manipulations du début de la correspondance lors de sa publication. Mais dans les pièces du dossier de JPV, la lettre ne figure pas en entier, on ne peut pas lire les paragraphes précédents. JPV fait disparaître ces traces de manipulation. Mais il doit en même temps donner l’impression qu’il en parle. Il va donc citer le souhait de ne plus paraître d’AS : la phrase contient la cause du souhait, mais de manière non explicite, si bien que cette cause devient indéterminée et indifférente. Sans la description des manipulations, c’est le souhait d’AS qui devient le déclencheur de l’enchaînement des événements, et non sa cause, les manipulations.

JPV fait alors porter toute son argumentation sur le souhait d’AS de ne plus paraître dans le journal. Dans les premières moutures publiques de son plaidoyer, JPV ne citait pas encore AS ni son désir explicite de ne plus paraître. JPV basait alors son argumentation sur l’idée qu’AS avait désiré continuer la correspondance en privé et que seul vaut ce qui est public. C’est une façon astucieuse de tenter d’invalider la lettre d’AS du 13 octobre, sans laisser paraître les manipulations. Il pousse même cette volonté d’invalidation jusqu’à affirmer que le souhait de non-publication de cette lettre vaut donc en quelque sorte pour toujours et partout. Lui, JPV, n’a plus à la publier nulle part et jamais. Et il ignore les protestations des téléologues, qui ne comprennent pas que le système de défense de JPV vise à escamoter les manipulations. Les téléologues rappellent que ce souhait de ne pas paraître n’était pas absolu, mais ne concernait que la parution dans le seul journal l’Imbécile de Paris. Pour eux, tout lieu public non suspect de manipulation pouvait faire l’affaire. Ils ne voient pas que JPV transforme le souhait de ne pas paraître en refus catégorique. Cette transformation sémantique, extrapolée en refus catégorique de paraître où que ce soit et toujours, est nécessaire. D’une part pour faire d’AS le responsable de la fin de la publication dans le journal l’Imbécile, dont seul JPV a décidé (en exauçant, à sa manière, le désir d’AS de ne plus paraître). D’autre part pour justifier l’absence de cette lettre du 13 octobre dans l’ouvrage des Editions Anonymes. Y compris la partie qui dénonce les manipulations et qui manque dans la citation finalement utilisée (1).

Une fois que JPV a bien établi un refus catégorique de paraître d’AS, il en établit la cause. C’est le moment délicat. Car même en cas de refus catégorique, la cause resterait bien sûr les manipulations dont JPV est responsable. Son idée est de faire que l’autre, AS, devienne l’auteur de l’acte déclencheur, donc de déplacer l’acte déclencheur (les manipulations) vers autre chose. Le souhait de ne plus paraître qu’AS fait connaître dans sa lettre du 13 octobre devient donc un « stratagème ». Voilà cette autre chose. « C'est pourquoi cette lettre est envoyée après le numéro 3, et en partie pourquoi elle est si longue. » Ce « stratagème » serait causé par des motivations psychologiques que JPV prête à AS. Le déplacement de la cause du souhait de ne plus paraître dans le journal est ce qui doit achever d’effacer la cause explicite, les manipulations dont JPV est responsable.

Dès lors, l’histoire est différente. Ce n’est plus AS qui désavoue un média particulier où sont apparues des manipulations du début de la correspondance qu’il a avec JPV. C’est AS qui voudrait piéger JPV, en l’attirant dans une discussion infinie hors publicité. Avec cette version, l’honneur intellectuel de JPV peut être rétabli. Le déclencheur n’est plus les manipulations dont il est responsable, mais la perversité d’AS.

Toutes les accusations successives des téléologues deviennent la simple continuation de cette perversité. Plus ces accusations (doublées d’insultes) durent, plus la thèse du complot s’étoffe. Par la durée, le « piège » d’AS, s’il est causé par la perversité, semble prémédité. Chaque protestation la nourrit.

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On en arrive à ce qui est principal pour les téléologues, la falsification par les Editions Anonymes. Pour les téléologues, le déclencheur de l’accusation de falsification ne se situe pas dans les manipulations autour de la première lettre d’AS. Elle se situe dans la publication tronquée par les Editions Anonymes de la correspondance, une fois achevée. C’est une falsification parce que tout le contenu de la dispute est faussé aux yeux du lecteur.

Pour JPV l’éventualité de la publication de la lettre du 13 octobre aux Editions Anonymes reste un grave problème, à cause de l’accusation de manipulation initiale qu’elle contient. C’est une bombe à retardement. Il ne faut même pas l’évoquer. Il ne faut pas laisser connaître le désaveu de la publication dans le journal, et il ne faut pas laisser connaître la cause du souhait de ne plus paraître exprimé dans la lettre du 13 octobre (1). Sinon JPV passe pour avoir couvert ou commis plusieurs manipulations.

JPV a donc d’abord tenté de montrer qu’il n’était pas responsable d’une première édition qui se serait faite à son insu. Sa responsabilité est donc reportée jusqu’à la seconde édition, mais affaiblie d’autant. Donner son accord à la seconde édition devient une décision mineure et technique, en somme. JPV utilise un autre argument qui a aussi pour but d’affaiblir cette édition : il n’y aurait eu que six exemplaires. Mais il y a bien un moment où il faut endosser la publication sans la lettre du 13 octobre, en connaissance de cause d’avoir exclu de cette publication la dénonciation des manipulations.

C’est ce que JPV finit par faire en juin 2003, après avoir longuement préparé le terrain.

« Voilà également pourquoi, depuis Sils Maria (pension de Nietzsche), Sigmaringen (pot de chambre de Laval, ces Allemands sont loyaux en amitié), Todtnauberg (chalet de Heidegger) et depuis la terrasse surplombant le Rhin à l'hôtel des Trois Rois à Bâle (charmant palace), Voyer donna son accord enthousiaste à la réédition de ce recueil. »

La technique est bien connue des publicitaires. Au préalable, JPV a longuement minimisé la seconde édition de l’ouvrage. Maintenant, il donne soudain dans l’emphase. Le contraste créé par l’humour – qui est ici une autodérision sensible, modeste, élégante, cultivée et qui indique le recul – fait oublier ce sur quoi porte cet « accord enthousiaste ». Il porte sur la publication, en pleine connaissance de cause, d’une lettre de lecteur manipulée, sans le désaveu entre-temps public de l’auteur de cette lettre. L’« accord enthousiaste » fait rire. Il porte sur la publication d’une falsification.

Pour renforcer cette périlleuse manœuvre (elle est périlleuse parce que JPV endosse ici la falsification, en ne la masquant que derrière un effet), il ajoute :

« Dans un dossier d'instruction sous presse (la défense a eu enfin accès au dossier d'instruction !) le Dr Weltfaust, avec une patience admirable, démontre parfaitement dans le détail, avec toute la précision nécessaire, cette machination que je ne peux exposer complètement dans une plaidoirie-minute déjà trop longue. »

JPV rappelle ici surtout qu’il s’agit d’une machination, pour que le lecteur se situe bien dans la perspective de la perversité d’AS. Et qu’il y aura des preuves plus techniques, ailleurs, plus tard. La thèse du complot est ici à crédit. Elle dépend d’une démonstration future dont JPV ne sera pas responsable. Elle n’est donc pas valide ici. Elle n’a pas d’autre raison d’être que d’affaiblir encore l’énormité de ce qu’assume JPV ici : l’entière responsabilité d’une falsification.

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Sur le fond, je me contenterai seulement de rappeler deux contradictions de JPV.


1. D’un côté, il s’est vanté de répondre toujours à tout, « Comme vous pouvez le constater, je ne laisse jamais un message sans réponse », et de l’autre, plus récemment, qu’il ne répondra jamais à Adreba Solneman. « Voyer ayant décidé de ne jamais répondre à cette seconde lettre, il ne s'expliquera jamais, non plus, sur la stupidité de cette lettre, ce qui serait encore répondre. »

2. JPV affirme qu’il ne lit pas les téléologues (en dehors des extraits d’un message repris par Hate Company et d’un autre adressé à von Nichts, « les seuls messages de ces ignobles personnages sur le Debord off ou ailleurs, que Voyer ait jamais lu »). Mais il porte maintenant un jugement sur le contenu de ce qu’ils disent : « leur prose peut se résumer à “Moi, moi, moi, moi....” ou “téléologie, fin, enculé, falsificateur” ».


La première affirmation du premier point était donc une vantardise au-dessus de ses moyens. Comme Debord, JPV n’est pas capable de tenir sa parole.

Le second point recouvre un mensonge : comment JPV peut-il savoir à quoi se résume cette prose s’il ne la lit pas ? Soit il ment et lit cette prose, soit il ment sur son contenu, soit les deux.

Jean-Pierre Voyer n’est pas seulement un falsificateur. C’est un manipulateur. C’est un vantard. C’est un menteur.









(1) Rappelons ici ce qu’AS signale à JPV en 1991, les manipulations qui justifient son souhait de ne plus paraître dans l’Imbécile de Paris :


« La façon dont L'Imbécile de Paris a publié ma lettre m'a paru fort insatisfaisante. Je désapprouve cette mauvaise habitude de magasine, qui consiste à truffer d'intertitres ridicules un texte qui n'en comporte pas. Si j'estime qu'il faut des intertitres, comme dans cette lettre-ci, je sais les mettre moi-même. D'ailleurs, votre réponse n'en avait pas.
D'autre part, j'ai bien reçu de vous une lettre datée du 28 juin 1991. Je vous en rappelle le texte : Monsieur, J'accuse réception de votre lettre et je vous en remercie. J'y répondrais dès que possible. Je vous prie d'agréer, Monsieur, mes salutations distinguées. Celle qui est datée du même jour, et qui est parue dans L'Imbécile de Paris, je n'ai jamais pu la lire que lorsque j'ai acquis ce journal, c'est-à-dire à sa parution, le 5 septembre. Pour le maigre public de cet échange, je ne trouve pas conforme à la vérité que vous paraissiez me répondre du tac au tac, et que mon temps de réflexion se trouve additionné du vôtre ; à moins que PTT se soit une fois de plus avéré négligent, voire indiscret, ce que vous seul pouvez m'apprendre.
Dites aux opérateurs de saisie et aux correcteurs, si vous les voyez, que je n'écris pas histoire avec une majuscule.
Etant donné que je tiens ce fade journal pour responsable de ces petites libertés (je comprends mieux en quoi consiste l'ambitieux programme de l'éditorialiste : prendre librement la parole), je préférerais n'y plus paraître. C'est pourquoi cette lettre est envoyée après le numéro 3, et en partie pourquoi elle est si longue. »




Posté par Amélie sur le forum Debord(el) « on: 24.07.03 at 19:53:13 » sous le titre : Les effets d'une manipulation

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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