UN ENCULÉ TOUT NU

 

 

1. Chic, ça sent le sapin

Au moins le 9, puis le 10 mars, puis le 18 mars – et peut-être avant et sans doute après –, l'enculé et falsificateur Voyer a modifié son essai antitéléologue du 17 février, publié sur son site, auquel nous avions répondu par 'La paix soit sur les vieux falsificateurs bienveillants'. Le nouveau texte corrigé, sous le titre de 'La peste soit des imbéciles malveillants', est beaucoup plus clairement centré sur les téléologues. La petite rancœur impuissante du vieux déchet s'y exprime dans un cocktail de fausseté, d'hypocrisie, de haine ratatinée, de pose prétentieuse, de fausse modestie insinuante, d'ignorance obtuse, d'autosatisfaction inquiète, de ruses d'escroc, d'étroitesse de vue et de malhonnêteté profonde. Il nous faut donc encore répondre à cette relique en mauvais état du bout du glaviot.

La thèse de ce frauduleux labeur est simple et claire : ni Adreba Solneman ni les téléologues n'ont jamais compris Voyer ; en insolents, ils ont prétendu lui faire la leçon, tout en cherchant à usurper la paternité de sa grande idée, et en chipotant le grand homme sur la forme. C'est exactement la thèse qu'avait avancée en 1999 l'éditeur de ce Grand Théoricien sur le retour, ce Karl von Lebovichts qui a un tout petit pois dans la tête et un très gros poids dans le cul. Nous avions refusé alors de même discuter d'une thèse aussi courte avec un pareil ouistiti, d'autant qu'elle ne venait que soutenue par des citations grossièrement falsifiées, de Voyer dans la forme, et d'Adreba Solneman dans la forme et dans le fond. Aujourd'hui c'est Voyer qui la reprend à son compte, en prétendant l'étayer de sa minutieuse et fastidieuse manipulation, soutenue par des extraits judicieusement mis en scène. La finalité de cette manœuvre est d'abord de discréditer ce que disent les téléologues, mais surtout d'exonérer Voyer de répondre, voire de connaître la critique de fond en comble de sa théorie, que nous avons réalisée en passant, et d'avoir à s'expliquer sur ses méthodes de falsificateur et de manipulateur. Incapable de soutenir sa pensée attaquée de toutes parts, mais ne pouvant laisser ce dossier ouvert, il est obligé de solder les comptes en vieillard pressé, avant de faire son entrée prochaine dans l'éternité : selon la logique spéciale de cette crapule qui a perdu contact avec le monde bien avant de mourir, il suffit de montrer que nous sommes des imbéciles, et alors il sera débarrassé de toutes les critiques que nous avons accumulées dans son cul depuis cinq ans.

Cette hâte à se débarrasser de ce que nous avons dit, en proclamant en même temps l'ignorance de ce que nous avons dit, est par ailleurs tout à fait vaine. Nous en connaissons le ressort psychologique : il est très difficile de lire ce qui me contredit, encore plus ce qui m'insulte explicitement. Voyer avait mis en scène une espèce de dégagement affecté, où il se réservait de ne lire que ce qui lui plaisait, d'une manière ou d'une autre. Cette pose semble être devenue dogme devant sa lâcheté à lire les téléologues, qui, effectivement, l'insultent aussi souvent qu'il l'a mérité. Mais ce n'est pas parce que sa pusillanimité l'empêche de distinguer entre l'insulte et la critique que celle-ci peut disparaître dans le procédé qui consiste à tenter de disqualifier l'ensemble du discours de l'autre, dont il est contraint de prôner l'ignorance. Apparemment il ne se rend même plus compte en quoi il innove, si près du tombeau : c'est bien la première fois, dans une dispute publique d'idées, que l'un des protagonistes préconise l'ignorance de l'autre. C'est bien la première fois que l'un des protagonistes a peur de lire l'autre. Et c'est bien la première fois que, malgré une telle inconséquence, il prétend statuer sur le fond de ce qu'aurait dit l'autre. C'est bien la première fois qu'une telle attitude, autiste et centrée uniquement sur elle-même, a des prétentions dans le monde, depuis Staline.

Nous pourrions répondre point par point à la démonstration ridicule et malhonnête du vieillard ; nous pourrions aussi, de manière plus intéressante pour ce qui est en cause, faire une démonstration identique pour aboutir au résultat inverse. Mais nous méprisons ce type de démonstration, d'une part parce qu'il est nécessairement entaché de choix subjectifs contestables et de constructions frauduleuses où on tente de faire passer des extraits de discours pour le discours, et une telle manœuvre nous mettrait au mieux dos à dos avec un penseur dont nous avons atteint, montré et dépassé les limites, d'autre part parce qu'il y a longtemps que nous ne voulons plus nous enfermer dans la perspective de Voyer, qui est trop étroite, depuis que nous l'avons explicitement mise en cause.

Par ailleurs, nous savons bien qu'on ne peut jamais contester à un auteur l'affirmation qu'on ne l'ait pas compris, même quand la mauvaise foi de cet auteur est évidente ; en effet, il y a chez Voyer des choses que nous avions cru comprendre, et qui n'y étaient pas, parce que nous le surestimions et que nous avons manifesté ce défaut courant qui consiste à supposer que les intelligences estimables ont nécessairement compris, même avant qu'on leur explique, ce qu'on vient seulement de saisir soi-même. Pour résumer : le terrain minuscule et daté de Voyer ne nous intéresse plus depuis longtemps, c'est pour sortir de ce terrain que certains d'entre nous lui avaient écrit en 1991 ; comme il était déjà incapable d'imaginer un champ de réflexion au-delà du sien, il en était resté à ses idées passées qui se sont usées dans son obstination à les pontifier, à vouloir les enfermer dans sa vision étriquée. Et c'est donc de la perspective plus large, totalement inaccessible à sa petite coterie, qui apparemment lui suffit pour se faire une opinion sur les étranges ennemis que nous lui sommes, que nous lui avons fait critiques, remontrances et insultes. De ce point de vue, ses dénigrements, rancunes voilées, démonstrations piteuses et insinuations ridicules méritent plus de mépris que de colère ; celle-ci étant exclusivement entretenue par sa malhonnêteté et son indignité constantes.

 

2. Nuire à Voyer

Comme notre imbécillité et notre incompréhension, qu'il s'agit de démontrer, ne suffisent pas, il faut encore les augmenter d'un autre préjugé sans fondement ni justification : nous aurions toujours voulu nuire à Voyer. Lorsque Adreba Solneman avait écrit à Voyer, en 1991, c'était au contraire avec beaucoup de respect pour quelqu'un dont la théorie avait parue fondatrice dix ans plus tôt, même si les désaccords commençaient à être suffisamment importants pour nécessiter d'être confrontés. La lamentable débandade du fourbe vieillard lors de cet échange, qu'il avait émaillé de petits trucages et manipulations pour se mettre en valeur, n'avait entraîné pour nous que la déception qu'entraîne le renoncement d'un allié sûr au moment où la bataille se prépare, vite reléguée derrière les affaires plus urgentes et plus importantes de cette époque de batailles : totalement incapable d'entendre un autre discours, il avait donc cru que notre objet était le sien ; il n'avait pas perçu que tout ce qu'il avait dit jusque-là n'était que le préalable inessentiel, le prétexte, de ce dont nous lui parlions ; il n'avait pas eu l'entendement assez large, ou assez modeste, pour admettre que ses petites marottes, comme l'économie, n'étaient qu'une interface entre son vieux discours de la génération de 1945 et le nôtre, jeune, qui s'élaborait dans le monde ambiant, et auquel Adreba Solneman le conviait à participer ; il avait donc perdu un discernement, une capacité d'ouverture, une intelligence que nous lui avions crédités trop généreusement ; cet insulteur public s'avéra aussi, de manière plus surprenante, être un couard sans franchise et sans dignité. Notre seule expression publique sur Voyer, cependant, dans les six années qui suivirent, un texte intitulé 'Deux Briseurs de jeu' marquait encore le respect passé plus fortement que la déception récente ; il n'y avait jamais eu, ni avant ni pendant cette période, intention de nuire. Il n'y avait eu qu'une intention de critiquer, sans doute trop déférente et pleine de maladresses et de doutes, intention réclamée jadis par le même Voyer.

Notre intention de nuire à Voyer n'est venue qu'à partir de 1998, quand nous avons appris la falsification caractérisée de la correspondance entre Adreba Solneman et Voyer, que Voyer avait fait paraître tronquée de toute la partie critique où Adreba Solneman démolit à jamais la théorie de Voyer. Resté si loin en dessous de l'enjeu de cette correspondance qu'il avait fuie dans la panique, voici quelqu'un qui la falsifiait en supprimant tout ce qui commençait à en indiquer le sens, pour se faire mousser, lui si piteux, si vaniteux dans toute l'affaire ! Et même là nous ne voulions pas croire ce fait pourtant indiscutable, préférant supposer qu'une pareille crapulerie ne pouvait émaner du seul debordiste qui avait tenu tête à Debord, et devait plutôt être attribuée à son éditeur souillon et bassement flatteur. Mais non : l'enculé Voyer est bien le responsable de cette falsification, et son éditeur von Nichts, qui est effectivement souillon et bassement flatteur, a seulement choisi de se faire le complice et exécutant inconditionnel d'une falsification indiscutable. C'est seulement depuis cette falsification indiscutable que nous en voulons à ces deux escrocs, dont l'un est la tête et l'autre la main, comme à quelques autres, et c'est seulement depuis que nous leur en voulons (ah ! que l'écrit est court !) que nous sommes traités de malveillants et d'imbéciles depuis toujours. Car dans la correspondance Adreba Solneman-Voyer, ceci n'a jamais transparu, soit que Voyer ne le pensait pas, contrairement à ce qu'il affirme aujourd'hui, soit qu'il le dissimulait en hypocrite qui pratique la courtoisie de salon, avec des buts cachés et honteux. Et il n'y a pas plus de raisons de supposer que cette ordure dise davantage la vérité en nous traitant d'imbéciles malveillants, quatre ans après que nous avons mouché sa carpette d'éditeur, qu'il la disait douze ans plus tôt, dans sa fuite panique face à une critique qui dépassait sa théorie, en nous suppliant de le laisser libre de son silence sous peine que nous deviendrions des oppresseurs. Nous pensons que ce sont là deux déchets, des nuisances qui méritent en tant que telles leur entrée dans quelque encyclopédie. Nous pensons qu'ils sont beaucoup plus dangereux pour la vérité et la liberté, pour le possible du parti du négatif, auquel nous avons l'honneur d'appartenir, qu'une compagnie de CRS en chaleur, que le conseil d'administration d'une petite société multinationale, ou qu'un pool de journalistes internationaux moyen de gamme. C'est là de la pourriture arriviste qui donne raison au monde que nous combattons – non en « activistes », comme le prétend le passiviste Voyer dans un de ses petits amalgames puérils dénués de fondement –, des conservateurs qui tentent de diffuser la gangrène de la résignation sous des apparences inverses, des curés hypocrites qui savent arrondir le cul en jouant de la langue.

Nous n'avons que trop utilisé l'image du miroir qui fait que, dans ce milieu du petit arrivisme théoricien, on accuse l'autre de ce qu'on est, ou craint d'être. Pourtant, elle s'applique ici de manière exemplaire. Quand on voit comment Voyer a agi avec Adreba Solneman, on ne peut s'empêcher d'y voir une forte et insidieuse volonté de nuire, depuis les multiples petites malhonnêtetés jusqu'à l'amputation du discours de l'autre, si nécessaire pour ramener la couverture à soi, comme s'il s'agissait de si peu ; et quand on voit ce qu'il en a retiré, ce qu'il en a compris, on doit là aussi parler d'imbécillité, et celle-ci est même double : d'un côté dans l'incompréhension bornée, de l'autre dans l'espoir insensé de faire oublier ou disparaître toute la dispute dans la procédure honteuse qui en a découlé.

 

3. Economie

Ce que Voyer avait dit dans son 'Rapport sur l'état des illusions dans notre parti' (qui est bien le nôtre, mais plus le sien), et radote depuis sur l'économie, nous l'avions parfaitement compris dès le départ, ce qui peut facilement se vérifier dans nos textes les plus anciens, qui sont même parfois, en la matière, non dénués d'un certain voyérisme naïf ; et il nous donne depuis tout le loisir possible, en remâchant cette vieille marotte, de vérifier cette invariance, puisqu'il n'en a plus rien dit de nouveau. L'idée était lumineuse et claire, et il n'y a pas à s'attarder longtemps dessus : l'économie n'a pas de réalité, petite bulle de savon en moins, dans notre univers de bulles de savon. C'est en nous appuyant, entre autres, sur cette idée fort juste que nous avons tenté d'approfondir ce qu'elle signifie. Adreba Solneman n'avait pas d'autre but que ce dépassement en contactant Voyer en 1991, quand on pouvait encore raisonnablement penser que Voyer était honnête et capable de traiter autrement une critique qu'avec des dérobades indignes et des anathèmes apeurés. Cette critique sans réponse portait essentiellement sur la communication, telle que Voyer l'avait érigée en principe du monde, à travers de nombreuses contradictions et insuffisances ; l'économie, bulle de savon éclatée, ne nous intéressait plus en tant que telle (il faut être un Voyer pour s'abîmer dans le fait d'avoir éclaté une bulle de savon), nous avions seulement commencé à en pousser les conséquences. Mais Voyer, trop occupé par l'image qu'il donnait de lui-même, trop occupé à se faire mousser, n'a jamais eu l'idée qu'il puisse y avoir là une perspective d'une autre ampleur que la sienne, et il n'a donc jamais entendu de quel point d'observation nous traitions ses petites théories d'antan, sa bulle de savon éclatée, et il préfère depuis conserver ce haut fait d'armes en le rejouant et en le rediscutant à l'infini. Nous ne parlions pas depuis son point de vue, qu'il surestimait visiblement, nous parlions d'un point de vue qui était au-delà du sien et qui prenait en compte le sien ; c'est pourquoi il a trouvé la balle un peu trop facile, et c'est pourquoi il l'a renvoyée molle et lente au milieu du court croyant le point fait, plus appliqué à faire admirer son aisance qu'attentif au jeu, tourné vers la galerie et sous-estimant grossièrement son vis-à-vis sur des apparences, avant de se faire sévèrement smasher. Ce sont toujours ces sous-estimations qu'il prétend aujourd'hui étendre en preuves, et c'est toujours par rapport à la galerie qu'il conteste le point, en falsifiant, manipulant, trichant, mentant, affirmant que le smash qu'il a pris dans le cul était hors des limites du terrain. Nous-mêmes n'aurions jamais contacté Voyer si nous n'avions pas pensé apporter la possibilité d'aller au-delà de ce qu'il avait dit, ce qui constitue évidemment une immense immodestie à ses yeux, et à ceux de sa secte. Voyer revient sur deux points principaux de ce bout de théorie, et nous allons ici en faire brièvement de même pour montrer comment nous traitons ces questions devenues périphériques, à partir de ce qui est véritablement grave.

 

L'économie est une religion

Dans son 'Rapport', Voyer laissait seulement entendre à au moins un moment, probablement par maladresse ou confusion, que l'économie est une religion. A partir de la compréhension des faits négatifs dans le moment historique qui venait de s'achever et accessoirement de la lecture de Voyer, Adreba Solneman était arrivé à la conclusion que l'économie était une religion, et croyait pouvoir s'appuyer sur Voyer pour le dire. Lorsque Voyer lui demanda en faux-cul poli de l'intérieur du sphincter de lui montrer où il aurait bien pu écrire, s'il vous plaît monsieur, que l'économie était une religion, Adreba Solneman lui indiqua deux passages, dont l'un parlait de l'économie comme d'une religion moderne, qui est par conséquent aussi une religion. En mars 2003, Voyer prétend, via economics-economy, qu'il a introduits depuis en catastrophe dans son discours insuffisant, que ce n'est pas économie qu'il voulait dire à ce moment-là, et que nous l'avons mal compris sur ce point. Peut-être. Au mieux, c'est l'auteur qui s'est mal exprimé et qui est tenu de faire amende honorable, parce que c'est bien économie qu'il a dit et non autre chose, au pire il ment et il corrige ses confusions d'alors en certitudes de toujours (il vient en fait de reprendre cet ancien texte et d'accoler en correction à chaque usage du mot économie, soit un economics, soit un economy, minutie pathétique qui montre combien peu ses formulations étaient suffisantes).

Mais qu'importe : sur le debord of directors, en 2000, Adreba Solneman voulut bien reconnaître sans peine que Voyer n'était pas allé jusqu'à soutenir que l'économie était une religion. Car dans cette question, ce qui compte n'est pas de savoir ce que Voyer pense ou pas, mais de savoir si l'économie est, ou pas, une religion. La réponse ne vient pas essentiellement de ce qu'est l'économie, mais elle vient essentiellement de ce qu'est la religion – c'est parce qu'il y a religion qu'il y a économie, et non parce qu'il y a économie qu'il y a religion –, la réponse ne vient pas de la théorie de Voyer, mais de la pratique du négatif dans le monde, qui sont là, comme en de nombreux autres points, en forte contradiction. Pour faire court : la religion est un système de croyances qui porte sur la totalité (système toujours subdivisé en de multiples systèmes de croyances, crus ou prétendus indépendants, voire contradictoires), qui tente de contenir le croire en l'infini et l'infini du croire. Si toute religion est d'abord la gestion de l'infini, l'économie a cette particularité dialectique d'être la gestion de l'infini par l'infini de la gestion et la gestion du croire par le croire en la gestion. L'économie a cette particularité hégélienne (Hegel est le plus grand religieux entre les révolutions française et russe) d'associer deux à deux les trois termes gestion, croire et infini, chacun pouvant être mis en génitif des deux autres. Adreba Solneman, avec beaucoup de bienveillance, avait cru que Voyer s'était au moins élevé à une position qui lui permettrait de comprendre cela. Il n'en est rien comme on sait maintenant : Voyer, qu'on supposait au moins hégélien – notamment dans 'Deux Briseurs de jeu'–, ne croit qu'en la religion du dictionnaire. Le petit voyériste avait raison sur ce point, alors que nous ne voulions pas même supposer que Voyer était un si trivial, si consternant ignare, sur un point aussi important que la religion, dont la critique n'avait pas encore été faite. Au lieu de se demander pourquoi nous affirmions que l'économie est une religion, le même consternant ignare s'étonne maintenant qu'on ne se serait pas suffisamment étonné devant les contradictions de son emploi mal maîtrisé d'économie ; il va même, aujourd'hui, jusqu'à laisser entendre que cette surestimation que nous avions faite de sa compréhension de l'économie serait une preuve que n'aurions rien compris à son ouvrage, comme si cet ouvrage avait eu pour but de prouver que l'économie n'est pas une religion ! Mais non : le but que nous avons trouvé dans ce livre, peu importe si l'auteur le dénie, est de faire crever la petite bulle de savon que génère l'économie. Pour le reste, la lecture de Voyer n'a jamais été pour nous si importante que pour sa petite coterie de dévots dont certains en récitent les sourates comme ce Petit voyériste si limité (Hate Company, au moins, était aussi arrivé à cette conclusion que l'économie était une religion, parce que ce que lui ne comprenait pas véritablement dans cette théorie, et ce à quoi Voyer se garde bien de répondre, c'est : que faire, so what ; il était arrivé, assez honnêtement, au point de rencontre de cette théorie avec le négatif dans le monde : et là cette théorie aboutit à l'impuissance et à la résignation) ; et ce qui intéressait les téléologues n'était évidemment pas contenu dans ce qu'est devenue l'interminable et stupide argutie autojustificatrice et rétroactive economics-economy.

Répétons seulement ici que l'énoncé parfaitement exact : « l'économie est une religion » est certainement une formule plus efficace pour détruire la bulle de savon de la réalité de l'économie que celle que Voyer a utilisée pour dire la même chose, à savoir « l'économie n'existe pas ».

 

« L'économie n'existe pas »

L'économie n'existe pas n'avait pas été, pour Adreba Solneman, un enjeu. Cette formule, totalement impropre, est seulement réfutée, en épilogue de la correspondance (partie évidemment non publiée par le falsificateur Voyer), par un syllogisme très simple : l'économie est une pensée, toute pensée existe, l'économie existe. Depuis, le fan-club dévot, puis le vieux gourou lui-même traduisent jusque dans les propos des autres, y compris les nôtres, économie en economics et en economy pour expliquer où la formule « l'économie n'existe pas » aurait du sens (nous réaffirmons que là où nous disons économie, nous ne disons ni économix, ni economy, ni éconocroque, mais bien le mot français économie, qui réfute avec mépris cette différenciation si nécessaire aux bulles de savon) et où bien sûr que non, où il y aurait du vil malcomprenant, où ceci ou cela était sous-entendu bien entendu, où il fallait comprendre comme juste ce qui était dit faux.

Dans son texte remanié du 10 mars 2003 Voyer exprime plus humblement les choses. D'abord il affirme maintenant clairement que toute économie, economics et economy, existe en pensée. Nous ne pouvons nous empêcher de sourire à l'idée des têtes de voyéristes en train de constater que Voyer donne, douze ans plus tard, entièrement raison au syllogisme d'Adreba Solneman, qui avait toujours été âprement combattu et dénigré. Mais il faut cependant retrouver quelque sérieux : la formulation « existe en pensée » est elle aussi impropre ou tout au moins très maladroite, parce qu'elle signifierait qu'il y aurait des choses qui existeraient ailleurs qu'en pensée. Si c'était le cas, nous serions extrêmement curieux de savoir lesquelles, et dans quoi elles existent. L'existence est une détermination de la pensée, il n'y a pas d'existence hors de la pensée. C'est pourquoi « l'économie existe en pensée » est dans le meilleur des cas un pléonasme, mais plus probablement une forme de matérialisme qui ne s'avoue pas franchement.

Mais Voyer dit aujourd'hui la vérité de l'argumentation à décharge de cette formule fausse, exactement comme nous l'avions toujours pensé : « … j'utilise a dessein l'expression n'existe pas plutôt que l'expression n'existe pas comme une chose parce qu'elle est beaucoup plus forte, qu'elle frappe plus les esprits, comme on peut d'ailleurs le constater dans cette affaire, ça leur est resté en travers de la gorge (…). » C'est précisément ce que font les publicitaires et c'est pour cela qu'on les traite de menteurs. Quand une marque de voiture prétend que son dernier modèle va vous changer la vie, c'est évidemment faux, mais on comprend très bien ce qu'ils veulent dire. En disant la vérité, ils ne pourraient pas frapper les esprits, faire mousser. Voyer est une petite ordure, qui utilise des phrases chocs fausses, pour faire de l'effet. Peu importe que la phrase soit fausse pourvu que l'effet soit fort. C'est la méthode de Lénine : la fin justifie les moyens.

Voyer est coutumier de ce genre de trucages au point qu'on se demande s'il sait lui-même encore que c'est là un archétype de la malhonnêteté intellectuelle de notre époque. Il rappelle maintenant qu'il avait utilisé de même « division infinie du travail » pour « division infinie de l'activité », parce que ça provoque mieux, mais qui ne veut pas du tout dire la même chose (ce n'est pas parce que tout travail est une activité qu'on peut dire activité pour travail, ce n'est pas parce que toute chose peut être prise pour objet qu'on peut dire objet pour chose, ce n'est pas parce qu'un château-yquem 89 est un pinard qu'on peut dire pinard pour château-yquem 89 ; ou alors c'est qu'on a choisi d'éliminer la détermination, la qualité) ; il avait aussi postillonné avec la même vantardise au-dessus de ses moyens l'idée qu'il en aurait fini avec l'économie. Il ne fallait pas lire cette fausseté, affirme-t-il aujourd'hui en se désolant de la malveillance et de l'imbécillité de ceux qui riaient d'une prétention aussi visiblement fausse, mais le beaucoup plus modeste fait qu'il en a fini avec le mot économie. Avec cette remise à jour, en effet, il ne peut pas faire de slogan retentissant, qui serait applaudi dans cent ans ; mais même cette restriction ridicule est fausse : on peut voir à travers ses retouches fétichistes de tous les textes où figure le mot économie combien peu il en a fini, justement, avec le mot.

Nous avons toujours signalé notre opposition à la provocation qu'on ne peut pas soutenir, au petit mensonge qui permettrait d'affirmer une grande vérité, cette vieille maxime de gouvernement. La petite coterie de roués voyéristes s'est toujours félicitée de ces coups d'éclat pour la galerie, prétendant que ceux qui ne comprennent pas l'idée juste sous la phrase fausse sont des malcomprenants ou des imbéciles, et que ceux qui, ayant compris, refusent la formulation sont des pinailleurs ou des malveillants (nous avons le privilège d'avoir été attribués tour à tour et simultanément à ces deux catégories d'ennemis de la secte). Mais la contradiction entre la formulation fausse et l'intention juste mange du pain, et c'est ce que ce petit peuple ne sait pas, ou feint d'ignorer. On a vu comment une esbroufe du même acabit, le « ne travaillez jamais » des situationnistes, qui remettait fort justement en cause la primauté du travail dans l'activité humaine, n'a pas permis de dépasser ce point, et a considérablement influencé des existences entières, pas seulement chez des imbéciles et des malveillants. Et on a vu comment, dans le jésuitisme et le léninisme par exemple, le fait de prêcher le faux pour prétendre au vrai conserve toujours le faux.

Voyer et sa petite secte n'ont jamais compris pourquoi nous avons critiqué cette formule après qu'Adreba Solneman a simplement formulé son absence de logique : au lieu de vérifier s'il n'y avait pas là une mise en cause de leurs présupposés, ils ont préféré décrier cette démarche, en nous traitant de malveillants et d'imbéciles, un peu à la manière dont les debordistes avaient traité Voyer quand il avait annoncé sa critique de Marx, avec, il est vrai, un autre effet d'annonce chic et choc qui dépassait sa capacité ; ils ont gardé obstinément le nez sur le doigt de l'économie à chaque fois que nous leur montrions la lune de l'existence. Dans l'économie, et dans tout énocomique, énocomix, économoncul, tout existe, non pas seulement « en tant que pensée », mais parce que tout est pensée et seulement pensée. Ces petits ouistitis impuissants étaient là, sont là, en train de piailler, mais vous n'avez rien compriiiiis, ici on voulait dire économiiiiix, là c'était économeumeueuh, béciles, malviants (il y a pas mal de Mitterrand dans le fourbe et retors Voyer). Ce n'est pas de cela qu'il s'agit : tout comme il n'y a pas de « pure » pensée, sauf pour dire qu'il existerait autre chose que de la pensée (mais alors il faut dire quoi), il n'y a pas de chose qui n'existe pas, parce qu'une chose, non seulement est une division de la pensée, mais une division de la pensée prise pour objet dans la conscience, qui n'est que le mouvement de la particularisation de l'existence. Voyer, qui avoue maintenant que toute économie existe donc, après avoir claironné pour la galerie que l'économie n'existe pas, ne sait toujours pas pourquoi l'économie existe, et ce que cela signifie, pour le monde, et dans la réalité, c'est-à-dire quel sens a l'existence, cette grande et sempiternelle question populaire ; et il ne sait toujours pas ce qu'est la réalité, qui n'est évidemment pas une chose, pauvre con hâtif qui se la bricole au fond du dernier wagon, en étendant par la chose la vieille conception matérialiste ; et ce n'est pas non plus l'en et pour soi, comme le présupposait ad aeternam Hegel : la réalité est ce qui finit de la pensée, dans un monde où tout est pensée, et la réalité n'est que cela : s'il y a un en et pour soi, c'est justement ce qui finit, la pensée qui atteint la réalité, la pensée non communicable, à ce jour. La pensée qui atteint la réalité est la seule pensée qui n'a pas d'extériorité, qui est privée de son aliénation, punie, qui va se coucher sans allumer la télé au logis : le phénomène de la réalité ne peut pas se prendre pour objet par la pensée collective, l'esprit, comme l'échec de Hegel l'a prouvé ; et le constat de la réalité nie lui aussi la réalité, est à nouveau de la pensée non réalisée, extérieure à son objet qui n'a rien d'une chose. On peut faire un parallèle avec la mort d'un individu : la mort finit la pensée, qu'on ne connaît donc pas – on ne connaît pas le vécu de cet événement si courant qu'est la mort –, et le constat de la mort n'est plus la mort elle-même, la nie, est fait, justement, par quelqu'un qui n'est pas mort : c'est juste la mort imaginée ou racontée hors de son expérience. C'est pourquoi la réalité est si difficile à concevoir : elle anéantit la pensée destinée à s'en saisir ; et la pensée destinée à la restituer la trompe, la falsifie lorsqu'elle prétend être la pensée de cet événement. Il n'y a de réalité que là où de la pensée finit. De la réalité on ne peut que signaler son passage, analyser ses traces, reconnaître ses effets. Mais on ne peut pas, comme le font toutes les religions, prétendre connaître l'expérience de la réalité (l'économie est la première religion à renoncer à connaître suffisamment l'expérience de la mort pour projeter ce qu'il advient de la pensée après la mort – ce qui ne l'empêche pas, plus tournée vers la réalité de l'aliénation, de se vouloir science de la réalité), on ne peut pas dire comment la pensée finit. La seule réalité de Voyer, par exemple, c'est l'invraisemblable, l'immense fagot qu'il a dans le cul, et où, dans une dilatation improbable s'ajoute, depuis quatre ans au moins autant de brindilles de branches et de troncs qu'il prononce de slogans publicitaires pour se faire mousser en trompant, qu'il falsifie, qu'il truque et qu'il manipule tout ce qu'il publie. Ce fagot surnaturel est tout son immense génie.

L'ignare Voyer, aux œillères bien plaquées, auquel nous avons expliqué tout cela il y a bien longtemps, mais qui faisait le pète-liquide du haut de son pot de chambre d'arriviste, du haut de son trône de Grand Théoricien, assure aujourd'hui qu'il utilise parfois « n'existe pas » comme abréviation consacrée – creusez le mot consacrée – par l'usage (ce sont des matérialistes, des scientifiques, des léninistes, des curés de la libération, des menteurs et des falsificateurs qui ont consacré cet usage). Te gêne surtout pas Jipi, mais alors il faut pas monter au plafond avec ta petite voix de fausset chaque fois que quelqu'un utilise économie dans le sens consacré par l'usage depuis Marx, c'est-à-dire comme si l'économie était une réalité, comme si l'économie était l'essence du monde. Si t'y as droit, les autres aussi. A chacun ses bulles de savon, ou non ?

Mais lorsque Voyer écrit, ce même 10 mars 2003, que la véritable critique de la pensée dominante serait « la critique de son présupposé qui est un abus de langage », nous approuvons sans restriction. Parce que c'est exactement en tant qu'abus de langage que les téléologues ont toujours critiqué « l'économie n'existe pas », abréviation consacrée par l'usage, destinée à tromper, et à conserver les présupposés d'un monde pour lequel tout ce qui existe n'a pas de sens, et pour lequel tout ce qui est réalité est une chose.

Voilà de manière très simplifiée ce qui était en jeu. Lorsque Voyer a éclaté la bulle de savon de la réalité de l'économie, c'est évidemment à la réalité que nous nous sommes intéressés, pas à l'économie, et c'est évidemment de la réalité que nous lui avons parlé, et c'est de la réalité que nous parlons depuis, et de l'économie uniquement de manière accidentelle et sous le rapport qu'elle entretient avec la réalité. C'est ce que la religion dominante entretient comme bulles de savon sur la réalité qui crée une bulle de savon comme celle que Voyer avait fait éclater. Les représentations de la réalité comme donné, ou comme matière, ou comme chose, en sont une série d'autres, toutes dérivant de la même religion dominante, dont l'économie est le nom provisoire et inessentiel compte tenu des rapides dissolutions et recompositions entreprises par l'aliénation jusque dans les dénominations les plus fondamentales. C'est le principe de la réalité qui importe, si l'on veut commencer à comprendre ce qu'est l'existence et, par conséquent, si on veut en finir, réellement (pour faire un pléonasme volontaire), avec l'économie. Et ce principe, nous l'avions énoncé dans une formulation que nous avons soumise à la confrontation et qui n'a pas été réfutée – c'est le crash-test indispensable de toute formulation pour les ignorants que nous sommes tous depuis le milieu du XXe siècle –, et qui se superpose accidentellement avec une autre « abréviation consacrée par l'usage » : tout a une fin.

 

4. Nouvelles fraîches de la voyérisation

Nous avons au moins ceci en commun avec les associations de bandits que nos règles, même peu nombreuses, sont plus rigoureuses que celles de la société ambiante. Nous pensons toujours, pour atteindre nos buts, que cette exigence d'intégrité, qui est désormais exceptionnelle au point de devenir incompréhensible, est minimale. C'est pourquoi, systématiquement, nous marquons la différence avec la corruption intellectuelle comme un Voyer l'a manifestée systématiquement dans toute sa pourriture ; non qu'il soit pire que la société que nous combattons : il est pile comme elle. La voyérisation, la falsification par impuissance théoricienne, est une sorte d'archétype dans la société actuelle, un véritable laboratoire miniature où des techniques de trucage et de falsification nouvelles s'expérimentent. Depuis vingt ans, Voyer a reporté toute sa capacité à innover, qui était prometteuse, sur cette activité de conservation.

Au moins lorsqu'il affirme qu'il ne nous lit plus depuis dix ans, Voyer ment sans autre raison que de soutenir une pose. Son message corrigé du 10 mars tient parfaitement compte de notre accusation d'avoir inversé les deux messages de von Nichts qu'il y avait insérés, puisqu'ils sont désormais rétablis dans l'ordre de parution. Et pour démentir le fait qu'il manque toujours nos réponses, à l'un de ces messages est même apposée une bribe de réponse. Cette bribe de réponse est parfaitement significative, non pas parce qu'il y manque l'accusation concrète de falsification contre ce von Nichts, mais parce qu'il manque aussi le fond, le point de vue de notre perspective, amputé comme dans la correspondance tronquée avec Adreba Solneman, et qui explique à propos de l'ignorant et prétentieux crétin d'éditeur pourquoi nous avons repris Voyer sur sa formulation, et pourquoi nous savons que Voyer ignore ce qu'est la réalité. Ce paragraphe seul contient en abrégé toute la critique dont Voyer tente de se débarrasser en fuyant, en occultant, depuis l'échange qu'il avait accepté en privé avec Adreba Solneman ; pas de chance, elle est toujours devant lui : « Comme Papy Voyer amalgamait alors existence et réalité [dans le contexte de sa correspondance avec Adreba Solneman], il amalgame aujourd'hui commencement et origine. La raison n'en est pas seulement la mauvaise foi des gens trop peu contredits, les facultés qui déclinent avec la sénilité, et les flatteurs qui falsifient sur commande ; la raison est que Voyer n'a jamais rien compris au concept de réalité. En effet, réaliser c'est finir. Dénigrer l'économie n'est pas la finir, tout comme proclamer l'infini de la communication est nier sa réalité. Toute la théorie de Voyer tourne en rond parce qu'elle fuit toujours la réalité. Cela est vrai dans sa façon de concevoir l'économie, cela est vrai dans sa façon de concevoir la communication, cela est vrai dans sa façon de ne débattre qu'avec un public qui ne risque pas d'être critique. C'est logique : le vieillard a peur de la fin. »

Regardez maintenant la manœuvre : un montage de textes plus que frauduleux, sur un site où l'auteur corrige les versions auxquelles il a été répondu publiquement, comme par exemple pour le texte honteux 'Preuves d'une calomnie' depuis que nous avons répondu par 'Preuves d'une falsification'. C'est la meilleure introduction à la science de la publicité : le mépris de la parole publique, qu'on supprime comme si elle n'avait pas eu lieu quand on a dit des sottises ou fait des crasses ! Sans explication, ni justification, sans traces, sans responsabilité, j'ai fait une faute, mais non, quelle faute, où voyez-vous une faute, une crasse, une saloperie ! Et pas question de dire pourquoi, dans quel but, je procède à ces tours de passe-passe de charlatan débordé ! Voici le premier « théoricien » qui ne fait plus la différence entre un brouillon qu'on fait pour soi et une parole qu'on a donnée à tous ! La tromperie du lecteur est érigée en système, au niveau du montage, au niveau des rectifications cachées, jamais signalées, au niveau de l'occultation des réponses, au niveau de l'exclusion de l'idée de l'autre, dont on prétend ainsi qu'il n'en a pas. Même certaines « fautes » de Hate Company, dont les interventions sont repiquées, ont été corrigées par l'impudent Voyer, et certaines ont été rajoutées : quel honteux travail de fétichiste de la manipulation, pour quel résultat ! Quel goût écœurant pour le faux !

Regardez l'indignité répugnante de ce personnage : nous l'avons déculotté, fessé et enculé profond, en public, il y a quatre ans. Et lui, inerte, n'osant pas répondre là où il pouvait être contredit, s'est écrasé comme un esclave puni. Aujourd'hui, par-derrière, en fourbe, avec des ruses d'adolescent perfide, et des constructions de sous-chef de bureau de police de la pensée, il tente de se justifier, d'effacer sa misère, sa vieillesse, et son impotence d'alors. Il tente de rattraper le coup, mais pas en face, pas en proposant l'argumentation à laquelle doit répondre la contre-argumentation, non, il la ramène en rasant les murs, regard d'esclave baissé, espérant frapper dans le dos. Nous disions qu'il ressemble à ce falot faussaire qu'était Mitterrand, toujours fasciné par quelque ruse, quelque petit secret, quelque crapulerie, oui, c'est vrai, sauf à ceci près : Mitterrand avait été notoirement courageux, physiquement ; et Voyer est sans doute le plus lâche des roquets postsitus qui s'est permis d'insulter.

Regardez cette pâle ordure lancer ses petites piques de fiotte, toujours à l'abri d'un endroit où il peut manipuler, tricher et où on ne peut pas venir lui répondre ; regardez-le supprimer les archives du debord of directors sur son site, pour que, dans ses petits montages à charge, un lecteur impartial ne puisse plus trouver les réponses que nous avons faites à Hate Company, au Petit voyériste, au déchet von Nichts, et qui suffisent amplement à ruiner toutes ses déjections impuissantes et vindicatives. Là aussi, il a parfaitement lu notre dernier message et il sait qu'il ne peut plus tenir nos réponses si près de ces petites magouilles destinées à travailler à sa renommée : il est donc obligé d'en supprimer la trace de son site même. Et, en se séparant de toutes ces preuves de sa misère de penseur raté il supprime aussi quelques falsifications qu'il avait commises dans leur archivage et que nous avions dénoncées. Ainsi disparaissent de la visibilité, ni vu ni connu, ces preuves de sa malhonnêteté systématique, toujours sans explication ni justification, comme un valet pris la main dans le sac qui brûle les preuves de sa bassesse, de sa perfidie. Plus très fier notre Oberhegeldadasturmführer.

Obligé d'insulter pour conserver des bribes de son image, il ressert une vieille liste fatiguée de quelques amabilités puériles que nous avions reçues sur le debord of directors, et qu'il a dû compiler en taxinomiste bavotant, en fétichiste détraqué :

« Embrouilleurs, emberlificoteurs, baratineurs, mystificateurs, vicieux et bluffeurs, tordus, bas, ils attribuent à autrui leur propre bassesse, infâmes, imposteurs, vaniteux, suspicieux, prêtant systématiquement de noirs desseins à autrui, étroits d'esprit, petits commissaires du peuple sans peuple, truqueurs, avares, obscurcisseurs, ergoteurs, ne se remettent jamais en question, simulateurs, degré inouï jamais atteint dans la peste émotionnelle, marquent leur territoire en pissant partout, rapetisseurs, ignorants qui s'ignorent, confus, confusionnistes, vendeurs de salade, convaincus peu convaincants, grotesques, stériles et cependant prolifiques, inconséquents, m'as-tu vu, intarissables bavards, ayatollah, autoritaires sans autorité, indigents, petits caïds qui en veulent, activistes, calomniateurs, sordides, branleurs, soucieux avant tout de leur personne c'est-à-dire enculistes, jobards, tristes sires, veulent se faire valoir à bon compte, nihilistes, sophistes de bas étage, récriminateurs, affabulateurs, prennent leurs désirs pour la réalité, font des procès d'intention (ils ne font que cela), se montent le bourrichon, pinailleurs, impolis, prennent leurs désirs pour la réalité, oppresseurs, poseurs, pensent comme il pètent, écrivent comme il chient, diarrhéiques, peigne-culs en embuscade, rigides, orduriers, rigolos qui veulent empêcher de rigoler - ça c'est un comble, pisse-vinaigre qui veulent empêcher les villageois de danser, fumistes, fumiers, attribuent à celui qu'ils ont compris de travers les incohérences résultant de leurs propres déficiences mentales et animés par le noble courroux émeutophile lui cherchent querelle, non laborieux (penser c'est penser beaucoup), gauchistes, blablateurs, malhonnêtes, pète-sec, mesquins, donneurs de leçon, sourds (ils n'entendent rien), aveugles (ils ne voient rien), muets (ils ne disent rien, seulement bla bla, bla bla, bla bla), sans queue ni tête, inquisiteurs, aucune curiosité, bêtes et méchants, bornés, médiocres, très médiocres, incohérents, chercheurs-de-petite-bête, imbéciles prétentieux et malfaisants, obtus, moulinologues, nuisibles, suffisants, pisse copie, chieurs de copie, feignants, jamais le moindre effort de compréhension, arrogants, proud et même proud proud, grossiers, jamais l'ombre d'un doute, sectaires, incompris, incompréhensibles, par-le-gros-bout-de-la-lorgnette, misérables, moules à gaufres ! »

Si cet ensemble dénote la vieillesse et l'usure, il est par ailleurs au niveau d'un fayot de classe de sixième d'il y a cinquante ans, du très virulent « embrouilleurs » au subtil « moule à gaufres » qui en dit si long sur une absence d'imagination crasse. Et rappelons que nous savons bien que ce médiocre serait tout à fait incapable de soutenir même un plat juron de Hergé devant un seul d'entre nous pour peu que ce dernier fronce les sourcils ; alors que la liste suivante, chacun d'entre nous la soutiendrait mot pour mot avec vigueur et plaisir en face de celui qui l'a si bien méritée :

Enculé, falsificateur, truqueur, menteur, manipulateur, mystificateur, poseur, prétentieux, péteux, pédant, vantard, frimeur, lâche, chicken, débiné, trouillard, de la merde dans les couilles et du sperme dans le cul, incapable de soutenir ses provocations, tas de merde, hypocrite, jésuite, prélat, radoteur, gaga, vieux con, vieux pédé, retraité, con, imbécile, crétin, ignare, fourbe, tordu, pourriture, corrompu, fondamentalement malhonnête, malhonnête intellectuellement, infantile, crapaud, insecte, escargot, ouistiti, Mitterrand en plus lâche, Lévy en moins franc, Bourvieu en moins honnête, journapute en plus truqueur, trou du cul plus grand que lui, faux dialecticien, pseudo-hégélien, debordiste honteux, matérialiste honteux, idéologue honteux, économiste honteux, valet, bas flatteur, flagorneur, imbu de lui-même, poli de l'intérieur du sphincter, incohérent, mauvaise foi systématique, ne se corrige jamais, faussaire, escroc, gourou, starlette, arriviste, carriériste, pête-liquide, déchet, has been, raté, esclave, ordure, slip sale, fétichiste, minable, maniériste, impuissant, mariolle, merdeux, résigné, conservateur, collabo du vieux monde, passiviste, contemplatif, chochotte, vomi, indigne, étriqué, minuscule sauf du cule, chafouin, mesquin, histrion, cabotin, bidon, faux-cul, borné, dépassé, crapule, littérateur, coquette, cocotte, laborieux, rassis et rance, ergoteur, obtus, calomniateur, satisfait.

Pour tous ceux qui en auront un besoin pratique, cette liste peut se ramener à quelques incontournables : falsificateur, enculé, lâche, gaga, faux-cul, faux dialecticien, starlette, esclave, résigné, passiviste, bidon, has been, borné, satisfait.

Cette liste peut en entier se contracter dans un seul de ces termes : enculé.

 

(Texte de 2003.)

 


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