Notes


 

39. Gabon

Chronologie orientée.
 

  1990
I- Derrière les gémissements dian-dian apparaît une vraie colère gueuse.
   
16-01 Grève à l'université Omar Bongo de Libreville (manque de moyens, de professeurs).
17-01 La police évacue l'université, « dizaines de blessés » des deux côtés.
18-01 Dans Libreville, des petits groupes mobiles saccagent, pillent, se battent avec la police (5 morts officieux, démenti officiel).
19-01 Nouveaux pillages (cent boutiques, appartements) dans les quartiers de Mont Bouet et Akebé à Libreville, 70 blessés, 250 arrestations (1 seul étudiant).
24-02 Reprise des cours à l'université.
   
II- Derrière la colère gueuse apparaît un mouvement de grèves.
   
26-02 Grèves de la sécurité aérienne, des stations-essence, des chemins de fer, de la compagnie d'électricité. Des centrales téléphoniques sabotés. Barrages de taxis dans les rues. Echauffourées dans les écoles. L'armée prend position autour du palais présidentiel à Libreville.
27-02 Spectacle de l'expulsion de France de l'opposant Mamboundou.
01-03 Fin de la grève des chemins de fer.
15-03 Grève au ministère des Finances, à la Société des cigarettes gabonaises, à Air Gabon.
21-03 Grève de la raffinerie du pétrole du Gabon (70 % de ses exportations ; Shell et Elf se partagent ce seul intérêt occidental pour le Gabon).
23-03 Début d'une conférence nationale destinée à mettre fin au monopartisme. Grève contre les mesures d'austérité successives à un accord avec le FMI, à Libreville (fonctionnaires, banques). Blocages de routes. Les émeutiers prennent d'assaut les boutiques (essentiellement libanaises) de Port-Gentil.
25-03 Couvre-feu à Port-Gentil.
27-03 Couvre-feu dans tout le Gabon. Interdiction des grèves. L'armée et la police occupent les carrefours des villes.
   
III- Derrière la grève apparaît l'insurrection.
   
19-04 Fin de la conférence nationale. Bongo, tyranneau bouffon, corrompu non dénué de méchanceté, proclame le multipartisme.
23-05 Mort d'un petit chef d'opposition, Me Rendjambe.
Port-Gentil : attaque et incendie du consulat de France, incendie de bâtiments officiels, prise et ouverture de la prison, dévastation du centre (cinéma, boîte de nuit, villas).
Emeute moins grave à Libreville, où 600 manifestants attaquent hôtels, cinémas.
Couvre-feu sur tout le territoire. Appel à la grève générale.
2 morts et 17 blessés.
24-05 La France envoie des troupes, soi-disant pour protéger ses ressortissants (1 800 évacuations), en réalité, comme le soulignent les insurgés, pour protéger Bongo, et Elf.
Suite des pillages à Port-Gentil, qui est aux mains des émeutiers, et à Libreville.
25-05 Alors que les insurgés (petits groupes actifs la nuit, mais pas d'organisation fédératrice) continuent de tenir Port-Gentil, des émeutes ont lieu à Mouila et à Lambaréné (prise de la prison, libération des détenus, sac du tribunal, boutiques, voitures saccagées).
26-05 Manifestation funèbre quotidienne (pour Rendjambe) à Port-pas-si-gentil-que-ça, où des armes à feu prises dans le palais de justice apparaissent : « On est en République libre de Port-Gentil. » Elf décide d'arrêter sa production.
27-05 Les militaires français tiennent les raffineries et les carrefours de Port-Gentil. Les paras gabonais dégagent l'aéroport. Le reste de la ville reste insurgé : des bandes de jeunes dressent des barricades de pneus.
28-05 Etat de Siège sur Port-Gentil. Bongo somme Elf et Shell de revenir, sous peine de faire place à d'autres.
29-05 Les « Bérets rouges » de la garde présidentielle attaquent Port-Gentil : entre 1 et 6 morts. La manifestation funèbre du soir a lieu tout de même : « Bongo assassin. » Elf reprend la production.
30-05 Des insurgés, armés de fusils de chasse, continuent de se battre à Port-Gentil. Les dernières barricades sont désertées.
31-05 Les premiers résidents français de Port-Gentil osent rentrer chez eux.
Septembre Elections législatives. Un graffiti à Port-Gentil : « Votez ESSO ! »

 

(Texte de 1998.)


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