Fin du voyérisme paisible, deuxième partie


 

f) Le commissaire à Karl von Nichts


 

Paris, le 7 juin 1998
 
 

Cher Karl Zéro,
 

Rassurez-vous, je comptais bien que cette correspondance n'irait pas plus loin. Vous n'alliez quand même pas vous fâcher avec le Céline incompris - et même oppressé -, le Proust de dans cent ans, pour un petit ergotage de principe ! Comme celle du valet Sganarelle, votre servilité l'emporte sur tout. Tant que le bon maître continue de vous faire taper ses bulletins mondains et proposer ses gros mots et détails qui tuent à l'admiration de vos fidèles lecteurs, vous êtes prêt à passer sur tout - quitte à soutenir que se valent exégèse de Hegel et pipi-caca, révélations sur le principe du monde et raie du cul de Miss Barbie, etc. Il se singeait déjà très bien tout seul, voilà qu'il s'est adjoint un petit ouistiti. Mais c'est bien connu : « on lie, à force de grimaces, une société étroite avec les gens du parti ».

Quant à la BE, évidemment, elle singe l'IS. Quelle organisation d'ailleurs pourrait faire autrement que singer l'IS, groupe radical s'il en fut ? Bravo, vous êtes un connaisseur. Ça, c'est pas du snobisme, c'est une valeur sûre, un modèle indémodable. Et puis Proust, Céline, Stendhal, très très bien. Vous auriez pas un peu copié sur votre voisin ? Ou bien il vous a laissé une note avant de partir ? Avant de partir vérifier l'exactitude de sa théorie, entre pullulement d'esclaves et vulgarité bourgeoise ?

Tout ce que vous écrivez montre que vous ne comprenez rien, ni au mot "théorie", ni au mot "nouveauté", ni à rien. On vous parle histoire, vous parlez feuilleton. On vous parle débat, vous parlez salon. On vous parle téléologie, vous parlez ultra-gauche. Vous n'êtes même pas foutu de lire. Vous n'êtes même pas foutu de faire une citation exacte. Rien de neuf, en effet, chez les familiers du vieux truc.

Vous me traitez de plouc-snob, de vieux pédé protestant, de singe. Vous m'auriez traité de juif, de fils de pute ou de peau de couille, ça ne changerait rien à l'affaire. Vous la jouez à la pantalonnade : on dirait que je suis Lebovici, puisque ça vous fait plaisir. C'est un vieux truc de jésuite que de s'accuser d'un coup de tous les péchés pour éviter d'énoncer ses vices particuliers. C'est un vieux truc de faussaire que de dédaigner de se disculper pour montrer qu'on n'a pas à le faire, le "coupable idéal" s'opposant forcément au coupable réel. En l'espèce, ce coupable réel, ce vrai faussaire, c'est l'Obersuperviseur Voyer ; vous n'êtes que le complice, la petite main, le derrièriste. Mais vous tenez à vous faire tuniquer.
 

Je vous ai rappelé les faits, fourni les pièces. Vous avez bien réfléchi. Vous endossez. Alles klar, double zéro : vous êtes donc bien, vous aussi, un enculé.

C'est tout ce qu'il fallait savoir. Allez, bonne rigolade !
 
 
 

Coco Missaire


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