Fin du voyérisme paisible, deuxième partie


 

a) Karl von Nichts au commissaire


 

Strasbourg, 1er juin 1998.
 
 
 

Monsieur,

J'accuse bien réception de vos messages.

Mon édition de L'imbécile de Paris comporte tout ce qui a été publié dans L'Imbécile de Paris (le journal) et rien de plus, comme je l'indique d'ailleurs dans l'avertissement. La deuxième lettre de M. Solneman n'y figure donc pas. J'ai appris l'existence de cette lettre bien après avoir fait mon opuscule, en feuilletant des exemplaires de la Bibliothèque des Émeutes chez un ami. M. Voyer n'a jamais répondu à cette deuxième lettre. Tous mes ouvrages sont faits avec l'accord et la supervision de M. Voyer.

J'espère vous rassurer sur la probité de mon humble demeure.

Et maintenant permettez-moi de vous poser à mon tour quelques questions. Avez-vous entendu parler de l'infâme falsification que M. Lebovici (avec la complicité de Debord) a pratiqué sur les lettres de Voyer dans le volume I de la Correspondance de Champ Libre ? Une première explication de Voyer consiste dans la publication de l'affiche Fin du situationnisme paisible. L'avez-vous lu ? Tout l'intérêt d'Hécatombe (à part la correspondance avec le MAUSS) est de contenir les neuf lettres de Voyer à Lebovici (les cinq publiées dans la Correspondance et les quatre censurées) et une explication la plus complète possible de toute cette affaire. En feuilletant la collection de la Bibliothèque des Émeutes je vois que ces messieurs s'intéressent à Voyer et, dans un article qui lui est consacré, le considèrent comme ce qui s'est fait de plus intéressant après les situationnistes sur le plan de la théorie. Ils mentionnent Introduction, Une enquête, le Rapport et signalent qu'après la RPC n°1 (1982) Voyer s'est tu. Pas un mot de Fin du situationnisme paisible ni de Hécatombe (1991). Autrement dit ils font totalement l'impasse (et le silence) sur l'affaire Lebovici comme s'il ne s'agissait que d'une querelle personnelle sans intérêt pour leurs lecteurs à qui ils parlent grande théorie. La censure de Lebo portait pourtant sur un point fondamental de la théorie puisqu'il s'agissait tout simplement de savoir si Marx et même Hegel avaient déjà été vraiment critiqués, et si oui par qui ? Comment ont-ils pu prétendre que Voyer s'était tu après la RPC n° 1 alors qu'ils correspondaient avec lui dans L'Imbécile de Paris (le journal) où la publicité pour Hécatombe s'étalait largement. N'ont-ils pas réussi à se le procurer à la Librairie Parallèle où il était en dépôt à côté de la Bibliothèque des Émeutes et autre coffrets de M. Solneman. Je vous pose la question sincèrement comme je me la pose. Avez-vous une idée sur la chose ?

Vous voyez qu'en matière de probité, j'essaye d'être aussi vigilant que vous.

Avez-vous reçu ma brochure ? Si oui je vous envoie gracieusement L'Imbécile de Paris et l'affiche originale de Fin du situationnisme paisible ainsi qu'un premier jet de Limites de conversation dont le volume complet va sortir sous peu. À part ça, commandez ce que vous voulez. Vous actionnerez votre pompe à phynance quand vous pourrez.

Bien à vous,

Karl von Nichts.


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