Re:(2) L'Argentine en juin 2002 (Anonyme)


 

J'ai passé les mois d'avril et de mai à Buenos Aires, et la seule personne que j'y ai entendu lancer une discussion sur la peur, c'était moi-même. Quand vous parlez de la répression envers les assemblées, qui aurait toujours existé, je ne sais pas de quoi vous parlez. Quant aux "amenazas", elles ont été extrêmement rares et modérées compte tenu de ce que sont les assemblées.

Si j'ai pensé important de signaler que la peur devient un thème - et pas seulement dans votre assemblée - c'est parce que le moment où la peur change de camp est généralement un moment clé dans les révoltes modernes. Je ne pense pas qu'une révolte, comme le mouvement des assemblées en Argentine, puisse atteindre ses buts en positivant uniquement, comme dans l'euphorie consécutive à l'affrontement d'Avellanada, dont rend partiellement compte 'Après le 27 juin', l'autre texte que j'ai publié et dont le vôtre m'a servi de contrepoint. Tout comme je trouve dangereux d'exagérer les nombres de manifestants, je trouve que ne pas prendre en compte l'apparition de phénomènes qui peuvent changer les mentalités, comme la peur, est une grave faute.

Par ailleurs, je n'ai pas dit que les assemblées croyaient être invincibles, mais j'ai dit qu'elles se comportaient comme telles, et c'est très différent. On peut savoir qu'on n'est pas le plus fort, ou le plus beau, mais se comporter comme tel. De même, je n'ai pas dit que parler de la peur était une absence de courage. C'est au contraire ne pas en parler, pour ce qu'elle signifie, qui me paraît une absence de courage.

Enfin vous affirmez que la répression sur le pont Pueyrredón a relancé le mouvement assembléiste. Je le souhaite mais j'en doute : le nombre d'assemblées représentées à l'Interbarrial du 7 juillet a été le plus bas jamais enregistré à une Interbarrial : 30.


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