Négation de la négation de l'économie

 

Voyer dit : La négation de l'existence de Dieu est le préalable à la critique de la religion. La négation de l'existence de l'économie est le préalable à la critique de l'économie politique.

 

La négation de l'existence de Dieu est le préalable à la critique de la religion.

Pour Voyer Dieu n'existe pas, au contraire de la religion. Bien entendu, Dieu existe. La célèbre phrase « Dieu n'existe pas » est un slogan matérialiste. Chez les matérialistes, réalité et existence sont identiques. La prétendue non-existence de Dieu est simplement l'affirmation que Dieu n'a pas de réalité, que Dieu n'est pas matière, n'est pas atome. Il est assez comique de voir l'hégélianiste Voyer soutenir ce credo intangible de la vieille conception matérialiste. Car c'est bien en partant de la prémisse que la matière est une pensée et non l'inverse que l'on peut en arriver à critiquer l'économie. Pour prouver finalement que l'économie n'existerait pas, Voyer, qui est parti du monde comme pensée, est contraint de recourir à une analogie avec une affirmation issue du matérialisme le plus borné : Dieu n'existe pas. Il suffirait pour ridiculiser cette position de faire ce que Voyer avait coutume de faire, s'appuyer sur Hegel. Chez Hegel, évidemment, Dieu existe au moins comme concept et comme objet de croyance, ou plus exactement comme objet d'un croire.

Mais surtout chez Hegel, le concept d'existence est bien évidemment incompatible avec l'esbroufe du « Dieu n'existe pas », indépendamment du fait de « croire » en Dieu ou non. Même si le concept d'existence de Hegel souffre d'être encastré dans son système, il y apparaît comme un moment particulier de la pensée, celui où apparaît l'essence d'une chose, à la conscience. Toute pensée consciente, par conséquent, existe. Si je pense que l'économie est un corps avec deux cornes, des jambes velues, deux sabots et une queue qui se termine par un petit triangle, eh bien, l'économie sous cette forme existe. Elle n'en est pas pour autant vérité et réalité, mais personne ne peut plus lui contester son existence. Donc Dieu existe, au moins en tant que concept, au moins en tant qu'objet de croyance, ou plus exactement en tant qu'objet d'un croire. Toute pensée existe (la proposition exacte, d'ailleurs, est : toute pensée arrivée à la conscience existe), comme l'avait signalé Adreba Solneman au bien-comprenant Voyer, qui ne l'a donc toujours pas compris.

Le bref et approximatif paragraphe que Voyer consacre à la réalité et à l'existence ('Rapport sur l'état des illusions', page 118) est très instructif. Il y différencie bien réalité et existence (même s'il est difficile de désigner à partir de là quoi que ce soit qui pourrait exister sans être réel), il fait bien de la réalité le résultat d'une activité humaine, mais tout son raisonnement, qui se réclame de Hegel, est basé sur une notion dont il serait bien en peine de dire où il l'a trouvée chez Hegel : ce qui n'existe pas, c'est-à-dire la notion de non-existence ou d'inexistence. Chez Hegel, ce qui n'existe pas n'existe pas encore, le mouvement vers le fondement ne l'a pas encore fait exister. Mais l'existence n'est jamais niée, ce qui est même une amusante, mais pas si rare entorse à la dialectique chez le fétichiste de la dialectique. C'est justement parce qu'existence et réalité sont confondues dans le matérialisme que l'inexistence y existe. Mais si existence et réalité sont des moments distincts de la pensée, comme chez Hegel, différemment chez Voyer, et encore différemment pour les téléologues, c'est alors le phénomène de l'inexistence qu'il faut expliquer. Chez Hegel, de toute évidence, l'inexistence est inexistante : il n'en parle pas. Chez Voyer et les téléologues, l'inexistence existe, chez Voyer sous forme d'a priori apparemment importé de ce matérialisme qui assène entre autres que Dieu n'existe pas, chez les téléologues dans le mouvement de l'apparition de l'existence, ce qui est bien plus proche de Hegel, puisque ce qui n'existe pas n'y est que ce qui n'est pas encore arrivé à l'existence, c'est-à-dire à la conception du fondement. L'existence est une manifestation de l'être, mais l'inexistence n'est pas une manifestation de l'être, sauf dans le matérialisme vulgaire. Chez Hegel et les téléologues, l'existence est une détermination de l'être, et l'inexistence, dont Hegel ne parle pas, une indétermination de l'être : ce qui n'existe pas ne peut pas être nommé. Chez les matérialistes et Voyer (qui scinde bien existence et réalité, mais pas inexistence et non-réalité, et qui amalgame souvent être et existence), l'inexistence est une détermination de l'être, un postulat, une simple croyance qui s'affiche négativement.

D'autre part, la « négation de l'existence de Dieu » n'est évidemment pas le « préalable à la critique de la religion ». Le préalable à la critique de la religion est la révélation du principe de la religion. Dieu n'est évidemment pas le principe de la religion puisque, depuis deux siècles qu'on ânonne le Dieu n'existe pas des matérialistes, la religion (économie, communication infinie) continue tranquillement sans Dieu. Dieu est donc au mieux une des formes sous laquelle apparaît le principe de la religion. Prétendre encore aujourd'hui que la négation de l'existence de Dieu serait le préalable à la critique de la religion est un réformisme de la religion, au sens où Voyer affirme que la critique de l'économie politique de Marx est un réformisme de l'économie politique. Le principe de la religion est le croire en l'infini et l'infini du croire. Les concepts de Dieu, d'économie et de communication infinie font parfaitement l'affaire pour gérer ce principe, et pour maintenir la religion comme pensée dominante dans le monde.

 

La négation de l'existence de l'économie est le préalable à la critique de l'économie politique.

Neuf ans après, Voyer vient réaffirmer contre Adreba Solneman : l'économie n'existe pas et l'économie n'est pas une religion. Seulement, face aux critiques des téléologues, il est maintenant obligé d'en passer par : l'économie (dans un certain sens) existe bien sûr (c'est ce que j'ai toujours pensé) et c'est dans un sens purement métaphorique que j'ai écrit que l'économie (dans un certain sens) pouvait être une religion (c'est ce que j'ai toujours pensé). Récapitulons l'apport de Voyer, l'attaque des téléologues, et la ligne de défense de Papy Voyer.

  1. D'abord, pour Voyer, l'économie n'a pas de réalité. Ce qui a de la réalité, c'est la marchandise, le travail, etc. Mais la marchandise, le travail, etc. n'ont pas de réalité en tant qu'économie, mais en tant que communication. Il y a bien, pour Voyer, de la réalité dans les objets de l'économie, mais pas dans la vile économie, bien plutôt dans la vile communication. C'est la communication qui donne de la réalité aux choses et non l'économie. Après ce transfert, il n'y a donc plus de réalité dans l'économie.

  2. Admettons, disent les téléologues. Mais l'économie est une pensée, et toute pensée existe, donc l'économie existe. Ce n'est pas parce que l'économie serait dépouillée de sa réalité qu'elle serait par là dépouillée de son existence.

  3. Voyer divise alors l'économie, selon la division des économistes, en economics (X)-economy (Y), et rappelle que Marx, lui, a seulement tenté de critiquer X (l'économie politique), tandis que Debord, lui, a eu la présomption de critiquer Dieu, ou Y (soit l'économie tout court). Par parenthèse, il est tout à fait abusif de dire que l'économie chez Debord correspondait seulement à cet Y, à cet « economy », de la même façon que Voyer trouve abusif que l'on assimile son usage récurrent en 1979 du terme « économie » à cet « economy », comme il le rappelle à propos de la même page 118 : « (...) l'emploi du terme "économie" page 118 de mon Rapport sur l'état des illusions ne laisse aucun doute possible: il s'agit de l'économie politique et non de l'économie comme le prouve le reste du paragraphe et notamment la phrase "L'économie est la théorie utilitariste générale de ce monde..." ». Donc Voyer divise l'économie entre économie (X) et économie (Y) et accorde que l'économie (X) existe. Mais il réaffirme que l'économie (Y) n'existe pas.
    Puisque Y n'est pas X, et que certains objets de l'économie (Y) existent, et même ont de la réalité, mais que leur réalité n'appartient pas à l'économie (Y), que s'ils existent ce n'est donc pas dans l'économie, que reste-t-il à l'économie (Y) ? Rien, dit fort justement Voyer, ravi de son tour de passe-passe, rien, qui par parenthèse existe bien entendu. Et que reste-t-il à l'économie tout court (X + Y si vous voulez), demandent les téléologues ? Une pensée, rien qu'une pensée (X, pour simplifier).

  4. Conclusion : ce que disent les téléologues, c'est que l'existence de l'économie n'est pas dans la partie Y amputée de sa réalité, mais que X et Y existent, mais uniquement en tant que paire X + Y, c'est-à-dire en tant que X (si Y = rien, X + Y = X), en tant que théorie.

En effet, l'économie est une théorie du monde, au même titre que la communication de Voyer, l'économie n'a jamais été rien d'autre qu'une théorie, n'a toujours existé qu'en théorie. Il n'y a pas de Y sans X. Toute l'économie est X et n'a toujours été que X. Même les réalités des économistes, comme la marchandise, le travail, etc., sont des pensées, rien que des pensées. L'économie est d'abord la tentative d'organiser en système de pensée les réalités que seraient la marchandise, le travail, etc., tout comme la communication infinie de Voyer. Si l'on retire à l'économie, ou à la communication, toute réalité, comme le fait Voyer pour l'économie, ou comme l'ont fait les athées avec Dieu dans la religion (qui ont seulement montré que la réalisation de Dieu n'est pas le projet de l'humanité), ce qui apparaît c'est un système de pensée absurde et conservateur, parce qu'il ne peut plus se réaliser. Mais il n'en existe pas moins.

L'économie, dont Voyer prétend qu'elle n'existe pas, effectivement n'existe que chez Voyer. Cette économie (Y) est tout à fait fantastique : dépouillée de réalité en 1979, elle est scindée et isolée de sa théorie (X) en 2000. Même pour les économistes, rien de tel qu'une économie (Y) privée de réalité et séparée de sa théorie (X) n'a jamais existé : rien d'aussi absurde n'est jamais apparu à leur conscience. Pourtant, même cette silhouette amputée et retaillée pour les besoins de la cohérence du vieux Voyer existe. Elle existe pour Voyer, précisément, qui l'a inventée, et maintenant pour nous, qui en avons déterminé l'essence. La licorne aussi existe en pensée.

La religion n'est pas un mode de croyances parmi d'autres. Et la religion n'est pas une superstition, pas davantage, d'ailleurs, mais pour d'autres raisons, que Dieu. Dieu justement est l'objet d'une croyance, qui dans certains cas peut être une croyance simple. La religion n'est pas une « croyance » ni un « mode de croyances » parmi d'autres, comme le croit Voyer, la religion est un système de croyances universel, c'est-à-dire un système de croyances qui prétend contenir toutes les croyances, ce qui est tout autre chose. De même, religion ne peut pas être une religion, comme l'a dit Voyer par maladresse. Fruit n'est pas un fruit. Il n'y a pas de religion de la religion. Le terme générique n'est pas l'une de ses applications particulières. La croyance et la religion sont deux pensées très différentes : la croyance est l'unité d'un mouvement particulier du croire et de son objet particulier ; la religion est la tentative de conserver en maîtrisant, et de maîtriser en conservant l'ensemble des mouvements particuliers du croire, et en particulier l'infini du croire et le croire en l'infini.

On ne peut en aucun cas réaliser une religion, parce qu'une religion est par définition quelque chose qui ne peut pas avoir de réalité : une gestion de l'infini. Tout infini, toute religion, et l'économie bien entendu, existent, puisqu'ils sont et manifestent leur essence à la conscience ; Dieu, pour reprendre un exemple éculé, existe aussi, mais simplement Dieu n'est pas ce qu'en pensaient les déistes : Dieu existe en tant que concept de l'absolu, en tant qu'individualisation de l'infini, en tant que clé de voûte d'un système de pensée qui cherchait une réalité aujourd'hui refusée. De même, l'économie, le système de gestion de l'infini à l'usage des non-déistes, ne peut donc qu'exister, mais ne peut pas avoir de réalité.

Comme l'implique le concept d'existence, Voyer pourrait diviser l'économie en autant de divisions qu'il veut ou qu'il peut, chacune de ses divisions existerait, comme chacune des divisions de l'atome. Même la pensée de l'infini, qui est nécessairement finie, malgré tous les efforts des mystiques, existe, donc même l'infini existe, aussi sûrement que Dieu et l'économie, qui n'en sont que des formes particulières. Donc ce que les économistes et Voyer appellent l'économie tout court (Y), pour le diviser de l'économie politique (X), existe. En vérité Y et X ne se divisent pas, sauf pour les besoins d'une démonstration. Cette division économiste de l'économie, c'est la division du présupposé matérialiste, qui prétend diviser la pratique et la théorie, l'objet et sa pensée.

Comme la critique de la religion n'a pas pour préalable la négation de l'existence de Dieu, la critique de l'économie n'a pas pour préalable la négation d'une partie imaginaire, qui existe donc bien dans au moins une imagination, de l'économie. L'économie est un système de pensée de la gestion du croire et de l'infini, c'est-à-dire de leur conservation. La critique de l'économie est la critique de la religion, puisque l'économie, comme le déisme ou la communication infinie, n'est qu'une forme particulière de la religion. La critique de la religion n'a pour seul préalable que la critique de ce qui la fonde, et ce n'est pas Dieu, qui n'en est qu'une apparence extérieure, et ce n'est pas l'économie, qui n'en est qu'une forme passagère. Répétons-le : faire de la négation d'une forme passagère le préalable de la critique de la chose, c'est simplement vouloir changer de forme, c'est simplement vouloir conserver la chose. Voyer est un religieux.

 

De l'intérêt de l'intervention de Voyer

Depuis neuf ans, le petit troupeau des bien-comprenants, c'est-à-dire les voyéristes, c'est-à-dire ceux qui sont si incapables de comprendre leur gourou Adreba Solneman (la peste soit des petits troupeaux !), pense qu'il y a ergotage sur le terme d'existence, quand on en arrive à savoir si la si importante économie existe, oui ou non. En réalité, il y a ergotage sur l'économie. Comme avec le bonimenteur Dr Substansu, qui pense encore que dans « communication infinie » c'est communication qui est important, dans « l'économie existe », ce n'est pas économie qui est important, mais existence. L'économie n'est qu'une forme particulière de la religion, alors que l'existence est indispensable à faire passer ce qui est dans la réalité.

Nous avons appris, en partie grâce à Voyer (qui n'en est probablement pas arrivé tout à fait là), que tout est pensée. Ce renversement de perspective – pour lequel l'usage massif de Hegel par Voyer a été si éclairant – ne peut pas laisser intactes les croyances dérivées du matérialisme. Voyer a tenté de le montrer dans la triviale et vulgaire économie [1]. Ce qui change profondément dans ce renversement de perspective, c'est que la réalité n'est plus un donné, mais uniquement ce qui est à réaliser, un projet, un but, une fin. Si le monde est pensée, si la matière est pensée et non l'inverse, alors l'existence et la réalité sont profondément différentes de ce que nous en ont enseigné les matérialistes.

Ce qui change essentiellement, c'est la réalité. Que la réalité soit un but à atteindre, et non un donné, modifie complètement le projet de l'humanité. Voyer a fait un petit pas dans cette direction. Ce qu'il entend par réalité, cependant, est vide de contenu, ou plus exactement, le contenu y est indifférent. La réalité n'est pour lui qu'un coup de tampon sur le devenir concept d'une chose. Page 118, quelque chose devient réel quand nous en avons révélé le concept, c'est-à-dire quand ce quelque chose est pratiquement fondé, et en cela il affirme que la réalité est pratique, petit pas. Bien entendu, la réalité n'est pas seulement révélation du concept, elle est critique du concept, elle n'est pas seulement suppression du présupposé, elle est suppression de l'en et pour soi du concept, mise en cause du concept même tel que l'entend Hegel, et non seulement suppression de l'indépendance de l'être, comme le pense le modéré Voyer. C'est parce que la réalité est cette violente aventure qui arrive à tout ce qui est que son contenu n'est plus indifférent. Comme on peut le lire en page 126 de l'ouvrage suivant, « (...) le résultat proprement dit n'est justement pas idée, mais réalisation d'une idée », Voyer amalgame la réalité et la réalisation, la fin et le mouvement de finir, dont il voudrait tant qu'il ne finisse jamais. Quand on s'arrête à la révélation du concept, on s'arrête à sa vérification théorique et c'est là le terminus pour Voyer, c'est pourquoi il est un théoricien de la résignation en quête de reconnaissance. La réalité, qui est la vérification pratique, c'est-à-dire la fin de la chose, par conséquent la fin du concept, est non seulement la pensée critique, mais la critique de la pensée.

Ce sont des perspectives fondamentalement différentes d'affirmer que notre réalité reste à vérifier pratiquement que de partir du principe que la réalité est un acquis. L'existence en devient le domaine de la pensée non réalisée, mais qui arrive à la conscience. Nous existons, mais sans plus de réalité que Dieu ou l'économie de Voyer.

Avec une réalité qui se confond avec l'existence, ces deux notions sont une base solide sur lesquelles on construit, à partir desquelles on projette, et ce qui est cru réalité, existence, devient la preuve du bien et du mal, de ce qu'il faut faire ou pas. La non-existence de Dieu signifie que ce concept et cet objet du croire sont disqualifiés, ne sont pas à vérifier, ne sont pas bien. Avec l'existence qui est un moment de la pensée, le moment du possible, de la potentialité, de l'hypothèse, de la spéculation, toute proposition, toute pensée qui parvient à la conscience, toute division de la pensée avalisée par ma conscience existe, Dieu aussi bien que l'atome ou moi. Mais en même temps la réalité devient la vérification pratique de la proposition. Les propositions des humains sont incomparablement plus nombreuses que leurs réalisations. La réalité est un résultat de leurs débats et de leurs choix sur ce qui existe. Le vieux couperet matérialiste qui amalgame réalité et existence signifie, en réalité, que l'on intervient dans le débat sur la réalisation d'un objet en présupposant son résultat : Dieu n'existe pas est un brutal et frauduleux raccourci pour dire je ne veux même pas discuter de la réalisation de Dieu. Ce qui n'existe pas correspond là exactement à ce qu'on croit ne pas pouvoir devenir réel, à ce qui ne mérite pas que nous tentions de le réaliser.

L'existence, c'est le domaine de l'irrationnel, de l'imagination, où tout est ouvert, le possible. La réalité est la rupture, l'éphémère, la tabula rasa, la fin. La vérification de ce qui existe, la réalisation de ce qui existe, voilà l'histoire.

C'est dans le choix de ce qui existe que se trouve ce que nous pouvons réaliser. Il importe donc de mettre en débat ce qui existe et, pour l'instant, tout ce qui existe. Il importe donc de savoir précisément ce qu'est l'existence, et de savoir ce qui n'existe pas. Nous en sommes encore assez loin.

 

 

[1] Rappelons que Voyer, en 1979, montrait que l'économie n'a pas de réalité à une époque où tout le monde pensait que l'économie était une réalité, encore bien davantage qu'aujourd'hui, où d'autres priorités lui sont opposées, comme la morale ou la communication. Ce qui rendait intéressante cette observation de Voyer n'était donc pas en elle-même, puisqu'il n'a jamais été possible, comme nous venons de le montrer, que l'économie ait une réalité. Mais au-delà de cette croyance, c'était ce croire qui était véritablement intéressant dans la révélation de Voyer.

 

(Intervention de l'observatoire de téléologie sur l'Internet, texte de 2000)


 

Editions Belles Emotions
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